Ça n’a rien à voir.

Il y a bien des façons de décrire un territoire, de le donner « à voir ».
Habitants, souvent nous perdons peu à peu la capacité de voir vraiment ce qui nous entoure. L’habitude des chemins quotidiens nous fait sournoisement perdre la finesse et l’attention du regard porté sur ce qui nous environne. Et au final, nous retenons de l’espace où nous vivons des images « clichés ». Ici ou là, sur un dépliant touristique, une carte postale, nous nous sommes accoutumés aux images de représentation des monuments patrimoniaux et paysagers qui, nous en somme fiers parfois, font la « personnalité » du pays, territoire.

Et pourtant, il nous est tous arrivé, au détour d’une pensée à la dérive, d’arrêter notre regard sur un détail « insignifiant » qui le temps de quelques secondes nous distrait puis disparaît aussi soudainement. Le cerveau formaté range rapidement ce saisissement fugace dans la case « sans intérêt ».

Dans une époque ou la captation de la vie réelle, cette addiction à l’enregistrement permanent de notre quotidien comme besoin et nécessité de preuve de vie, et son corolaire partage intempestif instantané. A l’heure ou cette nouvelle dépendance maladive nous inonde d’images, aussitôt vues, aussitôt oubliées. Que nous reste-il de cet instant suspendu empreint de poésie qui nous a surpris et ralenti parfois au détour du chemin ?

Provoquer cet inattendu. C’est l’objectif de ce projet artistique intitulé ALEA(S).
Réintroduire de la surprise, de l’étonnement, de l’humour de situation, du plaisir, à la redécouverte d’un paysage commun. Déclencher une envie, un désir de « voir autrement » ce qui nous entoure, lui accorder de l’attention, et donc de l’attention à soi, un regard appuyé à sa propre poésie du quotidien.

Serait-ce cela la photographie ?
Certainement, mais ça n’a rien à voir.

Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frôlons sans le connaître, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idées, sur notre cœur lui-même, des effets rapides, surprenants et inexplicables. Mais, que ne voyons-nous pas ? – Le Horla de Guy de Maupassant

PROJET ARTISTIQUE PHOTOGRAPHIQUE
POUR LE FESTIVAL BORDURES 2024
Un projet porté par le Collectif ToTo

Fidèle à son intérêt pour les arts plastiques et particulièrement la photographie, BORDURES ouvre cette année ses portes-fenêtres sur un regard improbable de son territoire.

Suite à une proposition originale du génial collectif d’agitateurs et activistes « Les Arts Toto *», les murs du village et du site du festival accueilleront cette année une série de tirages photographiques issue d’un travail particulier mené avec les photographes du collectif et tous les volontaires souhaitant se prêter au jeu. Car, c’est à un jeu cadré et dirigé, inspiré des contraintes oulipesques mathématiques que l’on vous convie. En effet, dans la droite ligne des contraintes proposées par l’Ouvroir de Littérature Potentiel, (OULIPO), le projet s’inscrit dans une déclinaison en OUPHOPO « Ouvroir de Photographie Potentielle ».

Voici la règle du jeu :

En journée, prenez un livre dans votre bibliothèque ou sur la table de votre salon. Ouvrez-le au hasard.
Si vous êtes né(e) une année paire, multipliez le n° de la page de droite par votre jour de naissance.
Si vous êtes né(e) une année impaire, multipliez le n° de la page de gauche par votre jour de naissance.
Le chiffre que vous obtenez correspond aux nombres de pas que vous allez faire.
Prenez votre appareil de prise de vue, rendez-vous au point départ signalé devant la chapelle Ste Agathe de Langon.
Si vous êtes né(e) au cours du premier trimestre partez à droite. >
Si vous êtes né(e) au cours du second trimestre partez à gauche. <
Si vous êtes né(e) au cours du second semestre allez tout droit. 
Faites le nombre de pas correspondant au chiffre obtenu précédemment dans la direction indiquée.
Au cas où vous vous retrouviez bloqué(e) devant un mur, une haie, etc.
– Si votre département de naissance commence par un chiffre pair, allez vers la gauche jusqu’à ce que la situation se débloque et repartez.
– Si votre département de naissance commence par un chiffre impair, allez vers la droite.
– Une fois arrivé(e), vous êtes alors au centre d’un cadran d’horloge imaginaire, tournez-vous vers le soleil qui représente le 12 de cette horloge.
Tournez-vous ensuite vers l’heure qui correspond à votre mois de naissance. 
Prenez un cliché.

Puis envoyez votre photo à arttotoiste@gmail.com

Date limite : 25 avril 2024

Certaines photos seront choisies pour être imprimées en grand format et exposées dans le village. Les autres photos seront diffusées sur le site web du festival.

À tout bientôt 

Toto

PS/ Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer à Langon, Toto, ou une personne de votre choix, se fera un plaisir de réaliser le cliché à votre place selon un mode opératoire concerté en fonction de vos chiffres définis par le protocole. 

(Couleur ou noir et blanc selon votre désir)

* C’est qui ToTo ? 

L’Art Toto.

Les Arts TOTO ou Art TOTO ou TOTO, plus simplement, est un courant intellectuel et artistique contemporain crée dans les années 20 par des anonymes habitants de Langon. Il est issu du mouvement Art Total auquel se sont rattachés plusieurs disciplines telles que la littérature, la poésie, la photographie, la cuisine, la danse, etc…  Même s’il ne faut pas le confondre avec le concept d’œuvre d’Art total (Gesamtkunstwerk), il est pourtant lui-même dérivé des traditions de la pensée synthétique et des attitudes épistémologiques remontant à l’Antiquité. Proche des surréalistes et des dadaïstes, et viscéralement oulipien, le TOTO, ou totoïsme, est un courant qui va se diffuser en Europe et partout dans le monde et exercera, par sa pratique subversive, une influence décisive sur les divers courants d’avant-garde.

Sa véritable naissance est un Manifeste poético-littéraire, publié sous une forme originale, non linéaire et discontinue à partir du 8 mai 2024 à 20h et jusqu’à aujourd’hui.

C’est à partir de ce texte que s’esquisse la position spécifique de ToTo. 

La première exposition ToTo intitulée ALÉA[S] a lieu lors du festival Bordures, du 8 au 11 mai 2024. 

On reconnaît une oeuvre d’art ToTo par le logo :